La Bourse de Paris amorce une semaine agitée, marquée par une forte baisse du CAC 40, en recul de 1 % ce lundi 2 décembre. Ce mouvement de correction intervient alors que l’Assemblée nationale doit examiner le budget de la Sécurité sociale, un projet sous haute tension politique. Le risque de censure du gouvernement de Michel Barnier plane, alimenté par les déclarations fracassantes de Jordan Bardella, président du Rassemblement national.
Un marché sous pression politique
Vers 8h50 GMT, l’indice CAC 40 affichait une perte de 0,88 %, s’établissant à 7 171,70 points, soit une baisse notable par rapport à la clôture de vendredi, où il avait gagné 0,78 %. Les investisseurs observent avec inquiétude la situation politique française, qui pourrait déboucher sur un bouleversement majeur. Selon John Plassard, analyste en investissement chez Mirabaud, l’incertitude est à son comble, car « les marchés sont suspendus au sort du gouvernement à l’Assemblée ».
Marine Le Pen et son parti auraient la capacité de renverser le gouvernement Barnier, selon Kathleen Brooks, directrice de recherche chez XTB. Cette perspective alimente la volatilité boursière et suscite des doutes sur la stabilité budgétaire de la France, alors même que le Premier ministre tente de maintenir le cap des réformes.
Le spectre du 49.3 et une Assemblée divisée
Le point focal de la crise se situe autour du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS), dont l’examen débute ce lundi après-midi. Le texte, issu d’un compromis entre sénateurs et députés, peine à convaincre dans un Parlement fragmenté. Les concessions déjà accordées, telles que l’abandon de la hausse des taxes sur l’électricité ou la réduction de l’aide médicale d’État (AME), ne suffisent pas à apaiser les tensions. Le Rassemblement national exige davantage, notamment sur la revalorisation des retraites et le remboursement de certains médicaments.
Face à ces blocages, Michel Barnier pourrait recourir à l’article 49.3 de la Constitution, permettant l’adoption du texte sans vote parlementaire. Cependant, une telle manœuvre l’exposerait à une motion de censure, susceptible d’être votée dès mercredi, ce qui accentue l’instabilité politique.
Répercussions sur les valeurs bancaires et obligations d’État
Les marchés financiers sont également témoins d’une montée des tensions sur les obligations d’État françaises. Si le taux des obligations à dix ans est resté stable à 2,89 %, l’écart avec les obligations allemandes s’est légèrement creusé, passant à 0,83 point contre 0,80 point vendredi dernier. Cette évolution est symptomatique d’une perception accrue du risque par les investisseurs.
Dans ce climat d’incertitude, les valeurs bancaires françaises sont les premières à accuser le coup. BNP Paribas cédait de 1,29 %, Société Générale se détériorait de 2,83 % et Crédit Agricole subissait une baisse de 1,85%. De son côté, Axa enregistrait une baisse de 1,24 %.
Départ surprise chez Stellantis et chute du titre
Le secteur automobile n’est pas en reste, avec une secousse majeure provoquée par la démission inattendue de Carlos Tavares, PDG de Stellantis. Le titre du constructeur dévissait de 7,90 % à 11,54 euros, illustrant la nervosité des marchés face à ce départ soudain. Renault subissait également une baisse de 3,33 %, fragilisant davantage le secteur.